Un bleuet loin du fjord

Saturday, November 10, 2012

Six jours à Berlin

(English version to come later)


La suite de mon voyage en Europe. J'ai fait une semaine à Bergen, mais la Norvège coûtant beaucoup trop cher, j'ai décidé de passer l'autre semaine dans un coin moins dispendieux de l'Europe. Vu qu'on a des vols directs d'Ottawa à Francfort et que je passais donc par l'Allemagne de toute façon, j'ai choisi Berlin. Au départ, je pensais simplement revenir à Francfort et visiter le coin, mais, par hasard, à Guelph pendant une autre conférence, j'ai rencontré une Allemande via une autre connaissance, et posé la question: ça vaut-tu la peine de passer une semaine à Francfort? La réponse fut: non, c'est platte, viens donc à Berlin, c'est pas mal mieux. Ce que je fis. Comme d'habitude, voici quelques extraits de mon journal de bord. Les commentaires post-voyage, comme toujours, sont en italiques.

«Bientôt à Berlin. J'ai chaud en torvice dans mon manteau pourtant mince. Anyway, faudrait que j'apprenne l'allemand. Ich bin ein Berliner.»

Et je veux bien dire un Berlinois, pas un pfannkuchen.

«Berlin, 17:55
...J'ai pris une bière ... vieillie dans un tonneau à whisky de Innis & Gunn comme alcool de fin de soirée. Anyway, fallait que je note ça. (Ah ou la Innis & Gunn a un avant-parfum de moufette.»

Une autre parenthèse que je n'ai jamais fermée. Ce passage est sur mon dernier souper à Bergen par contre.

«Puis, sur son cellulaire, il a dit un "Ich liebe dich" gluant et dégueu et plein de becs puérils à son pachydermique partenaire. J'avais envie de le tuer tout le long, incapable de laisser sa masse corpulente immobile dans son siège pendant qu'il parlait comme un autiste qui ne se rend pas compte qu'il n'est pas le seul dans l'avion. »

À propos de mon voisin d'en avant dans l'avion entre Copenhague et Berlin. Mettons que j'ai eu de bien meilleurs vols.

«Berlin semble encore austère à mes yeux de Nord-Américain habitué à la libarté et la démocratie américaine. La conduite y est débile, mais de façon différente de la France. Le chiâlage et les engueulades se font en silence, par gestes simples mais efficaces.
L'hôtel est bien mais la paperasse pour entrer est chiante, plus compliquée qu'en Amérique du Nord et qu'en Norvège (où je comprends pourquoi le Cri de Munsch (sic) se fait voler tout le temps).»

Il y a plusieurs casinos miteux entre l'aéroport Tegel et le Mitte. Et les Norvégiens sont nuls en sécurité.

«... la bière de blé pas de vrai goût, jägermeister (ridiculement facile à boire pour 35% d'alcool, c'est ça que l'alcoolo du vol Bergen Kobenhavn avait amené sur le vol).»

Les points de suspension de départ, c'est parce que je ne suis plus capable de lire mon écriture de gars qui somnole en essayant de finir son message dans son carnet de voyage, mais que le jägermeister, les deux bières et le Riesling finissent par achever. J'ai pris en moyenne quatre consommations quotidiennement pendant mon séjour à Berlin.

«Berlin, 25 août 2012, 20:31
... Un gros bock de Krombacher, 2ième grosse brasserie allemande. Meh. Et un verre de vin allemand (Riesling). Ç'a encore pris 15 minutes (et il a fallu que je le répète) pour avoir l'addition. Je suis retourné dans ma chambre pour dégriser. À matin, j'avais le mal de bloc. J'aurais dû aller acheter un hamburger chez McDo. Anyway, après des rêves bizarres dont je ne me rappelle plus, j'ai pris le déjeûner à l'hôtel à 16 euros. Il y avait du vrai jambon forêt noir...
Je suis retourné à ma chambre me brosser les dents et vider mes sinus de leur épaisse morve blanchâtre à cette étape-ci de mon rhume.»

À 16 euros, il ne valait pas la peine le p'tit déj... Je n'y suis pas retourné.

«Berlin est remplie de touristes et on passe de coin très beaux à des coins très austères. Des touristes et des pauvres. Et on peut y boire de la bière à même la bouteille en pleine rue. Ça fait plus de verre cassé sur les trottoirs.
.... Et même si j'ai demandé l'addition, il a fallu que je le rappelle 20 minutes plus tard à la serveuse. Là je comprends vraiment pas. Alors j'ai regardé sur Google. Dès demain, une fois l'assiette ramassée, ça va être "Die rechnung bitter – Schnell!"»

«2012-08-27 0:15 genre, Berlin
Bon, faudra que j'y revienne plus tard. Je me couche. Mais j'ai essayé 4 bières (3 bières et un radler en fait) et j'ai essayé une authentique toilette de bar dans Berlin-Est»

«2012-08-27 9:23
Konzerthauer Café ou comment ça s'épelle. ... Ah oui, la musique est une merde pop/techno/dance. C'est fort décevant pour une place qui devrait avoir plus de classe
...
Trop intimidé par la langue de Goethe, j'ai rien commandé, mais vu qu'on est arrivé juste à temps pour le train (au lieu d'attendre 5 longues minutes) ce fut un choix judicieux. On a filé jusqu'à Zum Schwarzen Hasen, ou Le Lièvre Noir, sympathique petit restaurant de tapas allemands où tout est délicieux et le service fort sympa. »

Je recommande fortement ce resto, mais ça d'l'air qu'ils prennent pas les cartes de crédits, fait que amenez du cash. Le p'tit déj' au café de la salle de concert a été le dernier vrai p'tit déj' que j'ai pris à Berlin, gratte-cenne que je suis. Il était très bien d'ailleurs.



«... J'ai mangé mon premier currywurst de rue et j'ai filé à l'hôtel avec S&M où on s'est dit au revoir, en espérant se revoir à Edmonton ou au moins à München. ...
On est allé dans un authentique bar de Berlin-Est, plutôt déserté un dimanche. J'ai pris un Radler (une bière avec un peu de sucre et un spritzer, truc pour prendre quand on a soif) et une Strapramen ou qqch du genre. bière tchèque. J'ai visité une authentique toilette de bar de Berlin-Est avant de dire au revoir à Julie et reprendre le S-Bahn seul, marchant dans les rues mal éclairées de l'autre bord de l'ex mur Rideau de Fer. 25 ans plus tôt, on m'aurait tiré dessus au mur de la honte (un cousin du mur des lamentations, et un arrière petit descendant de la muraille de Chine?) Bon, le p.'tit déj' est là. On reconnecte plus tard comme y disent sur les bloyes de Cyberpresse.»


La bière tchèque, c'est de la Staropramen.

«10:56 On est à l'arrêt 9, au bout du vieux mur maintenant une galerie d'art en plein air. En attendant, il y a des corbeaux freux sur le terrain vague à côté du stationnement. Ils sont gros comme des corneilles, et moins épeurants que les grand corbeaux.
...
13h30 Bon ben je suis arrêté au mur et j'ai acheté une bière poirée (drink de fille) au bar de "plage" du coin. En attendant, les corneille avaient joint les corbeaux freux sur le terrain vague. Un père corpulent et incompétent pitchait des frites avec ses enfants pour essayer de les attirer et prendre une photo pendant que j'essayait  (sic) de prendre une photo sans ce genre de tactique stupide qui n'a eu que l'effet contraire, éloignant les oiseaux.
...
Petite remarque: au bout artistique du mur, il y avait un annonce pour un spectacle de Justin Bieber dans le O2. Subitement, j'étais ostalgique. Je me sentais coupable. Les Soviétiques avaient raison, la culture occidentale, c'est le mal. L'Allemagne a donné Bach, Beethoven, Rammstein. Le Canada n'en finit pas avec ses Céline Dion, Nickelback, Bryan Adams, Justin Bieber, Avril Lavigne et la fille qui chante "Call me maybe". "Run, Lola, run" qu'on voudrait crier aux belles Allemandes en réalisant tout le mal que produit musicalement le plusse meilleur pays au monde.»

Pour soigner son ostalgie, il suffit d'aller faire un tour au musée de Checkpoint Charlie.

«... Le musée est un peu mal organisé et exigüe, mais on y voit toute l'histoire du Mur de la honte, de ceux qui se sont échappés, ceux qui ont échoué, ceux qui ont perdu des êtres chers, ceux qui ont aidé les autres à passer à l'Ouest, et les mille-et-un stratagèmes ingénieux pour passer de l'autre côté du Rideau de Fer. Mon préféré est celui avec son mini sous-marin qui s'est rendu au Danemark, pris en photo avec des pitounes en bikini. Comme dans "Oh yeah, j'ai fait le bon choix et j'ai réussi mon évasion".»

«...Bon, la courte Messe du Couronnement KV 317 est terminée. Sublime évidemment. J'ai pensé et voulu prendre un p'tit vidéo avec mon cellulaire mais je n'ai pas osé. Finalement, je garderai ça dans ma mémoire faillible. Par contre, pour ma famille et mes amis, Facebook ou autre, je dis: allez encourager la musique classique près de chez vous et ailleurs. Vous êtes à New York? Lâchez les "musicals" de merde. Allez voir l'opéra au Met. Vous êtes en Europe. Achetez des billets pour les concerts. Les salles de spectacles sont des oeuvres d'art en elles-mêmes, mais pour vraiment les apprécier, il faut les remplir des sons d'un véritable orchestre. Une mess de Mozart, à Salzbourg, à Wien et même à Berlin, ça reste divin.
...
Cela dit, le Jupiter de Holtz n'est rien de plus qu'une grosse boule de gaz à côté du divin roi du panthéon romain de Mozart. Le mot "divin" revient souvent avec Amadeus, on sait tous pourquoi.
Bon, la vraie barman (barmaid), celle qui fait les drinks est aux toilettes. J'pense que j'vas me commander quelque chose de plus simple en attendant.
Le concert a duré 1h40 incluant la pause et les applaudissements. JE méritais un rappel. Le reste du public, non.
 ...J'ai mixé moi-même le rum (Cuban qqch machin, 22 € la shot) et le coke. Note à propos de Berlin-Est: étant proprement ouvrier, nul besoin de ces sous-verres bourgeois. Ah oui, un Cuba libre, c'est avec une lime, pas un citron. Je ne fait pas confiance à ce bar d'hôtel espagnol. "es personal" de ma queue.
... Ça me prendrait quelqu'un avec qui converser. C'est bien beau écrire dans un carnet, on finit par se parler tout seul (prononcer "tu-seul" en bon Québécois).»

 Je suis allé à un concert de Mozart, pour la première fois en Europe en 21 ans. À l'époque, au bicentennaire de sa mort, avec la famille on avait fait le tour de l'Autriche et assisté a plusieurs concerts dont des opéras. Après lesdits concerts, on allait prendre un verre au bar de l'hôtel Pour moi c'était un Coke, pour mes frères, des Shirley Temple. J'ai voulu continuer cette tradition, mais je n'ai plus l'âge de ne pas prendre de l'alcool. D'où le rum & coke, alias Cuba libre.

«29 août 2012... 18:19
...On a marché le long de la voie ferrée pour voir des graffitis et autres arts de rue, du El Bocho tout frais au-dessus d'un robineux endormi et habitué de l'endroit mais supposément grincheux. On a parlé de la gentrification de Berlin, causes sociales, engagement des artistes de la rue, squattage et tout.
... On a fini sur un bar "de plage" jamaico-africain sur le bord de la Spree, tout aussi bohémien et menacé de se faire exproprier par des intérêts commerciaux. J'ai pris une bière aux bananes du Ghana. À la chaleur qu'il faisait, c'était très bon.»

À propos du tour alternatif de Berlin

C'est un peu en queue de poisson, mais je termine mes extraits de carnet de voyage là-dessus. C'est pas comme un bon livre, il n'y a pas d'introduction, de développement, et de fin. C'est juste des phrases éparpillées sans conclusion. Il y a plus dans mon journal, mais ça ne vaut pas la peine de rechiâler sur l'aéroport de Francfort. Une p'tite dernière photo, juste comme ça...

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