Six jours à Berlin
(English
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La suite de mon voyage en Europe. J'ai fait une semaine à Bergen, mais la Norvège coûtant
beaucoup trop cher, j'ai décidé de passer l'autre semaine dans un coin moins
dispendieux de l'Europe. Vu qu'on a des vols directs d'Ottawa à Francfort et
que je passais donc par l'Allemagne de toute façon, j'ai choisi Berlin. Au
départ, je pensais simplement revenir à Francfort et visiter le coin, mais, par
hasard, à Guelph pendant une autre conférence, j'ai rencontré une Allemande via
une autre connaissance, et posé la question: ça vaut-tu la peine de passer une
semaine à Francfort? La réponse fut: non, c'est platte, viens donc à Berlin,
c'est pas mal mieux. Ce que je fis. Comme d'habitude, voici quelques extraits
de mon journal de bord. Les commentaires post-voyage, comme toujours, sont en italiques.
«Bientôt à
Berlin. J'ai chaud en torvice dans mon manteau pourtant mince. Anyway, faudrait
que j'apprenne l'allemand. Ich bin ein Berliner.»
Et je veux bien dire un Berlinois, pas un pfannkuchen.
«Berlin, 17:55
...J'ai pris une
bière ... vieillie dans un tonneau à whisky de Innis & Gunn comme alcool de
fin de soirée. Anyway, fallait que je note ça. (Ah ou la Innis & Gunn a un
avant-parfum de moufette.»
Une autre parenthèse que je n'ai jamais fermée. Ce
passage est sur mon dernier souper à Bergen par contre.
«Puis, sur son
cellulaire, il a dit un "Ich liebe dich" gluant et dégueu et plein de
becs puérils à son pachydermique partenaire. J'avais envie de le tuer tout le
long, incapable de laisser sa masse corpulente immobile dans son siège pendant
qu'il parlait comme un autiste qui ne se rend pas compte qu'il n'est pas le
seul dans l'avion. »
À propos de mon
voisin d'en avant dans l'avion entre Copenhague et Berlin. Mettons que j'ai eu
de bien meilleurs vols.
«Berlin semble
encore austère à mes yeux de Nord-Américain habitué à la libarté et la
démocratie américaine. La conduite y est débile, mais de façon différente de la
France. Le chiâlage et les engueulades se font en silence, par gestes simples
mais efficaces.
L'hôtel est bien
mais la paperasse pour entrer est chiante, plus compliquée qu'en Amérique du
Nord et qu'en Norvège (où je comprends pourquoi le Cri de Munsch
(sic) se fait voler tout le temps).»
Il y a plusieurs casinos miteux entre l'aéroport Tegel
et le Mitte. Et les Norvégiens sont nuls en sécurité.
«... la bière de
blé pas de vrai goût, jägermeister (ridiculement facile à boire pour 35%
d'alcool, c'est ça que l'alcoolo du vol Bergen Kobenhavn avait amené sur le
vol).»
Les points de suspension de départ, c'est parce que je
ne suis plus capable de lire mon écriture de gars qui somnole en essayant de
finir son message dans son carnet de voyage, mais que le jägermeister, les deux
bières et le Riesling finissent par achever. J'ai pris en moyenne quatre
consommations quotidiennement pendant mon séjour à Berlin.
«Berlin, 25 août
2012, 20:31
... Un gros bock
de Krombacher, 2ième grosse brasserie allemande. Meh. Et un verre de
vin allemand (Riesling). Ç'a encore pris 15 minutes (et il a fallu que je le
répète) pour avoir l'addition. Je suis retourné dans ma chambre pour dégriser.
À matin, j'avais le mal de bloc. J'aurais dû aller acheter un hamburger chez
McDo. Anyway, après des rêves bizarres dont je ne me rappelle plus, j'ai pris
le déjeûner à l'hôtel à 16 euros. Il y avait du vrai jambon forêt noir...
Je suis retourné
à ma chambre me brosser les dents et vider mes sinus de leur épaisse morve
blanchâtre à cette étape-ci de mon rhume.»
À 16 euros, il ne valait pas la peine le p'tit déj...
Je n'y suis pas retourné.
«Berlin est
remplie de touristes et on passe de coin très beaux à des coins très austères.
Des touristes et des pauvres. Et on peut y boire de la bière à même la
bouteille en pleine rue. Ça fait plus de verre cassé sur les trottoirs.
.... Et même si
j'ai demandé l'addition, il a fallu que je le rappelle 20 minutes plus tard à
la serveuse. Là je comprends vraiment pas. Alors j'ai regardé sur Google. Dès
demain, une fois l'assiette ramassée, ça va être "Die rechnung bitter –
Schnell!"»
«2012-08-27 0:15
genre, Berlin
Bon, faudra que
j'y revienne plus tard. Je me couche. Mais j'ai essayé 4 bières (3 bières et un
radler en fait) et j'ai
essayé une authentique toilette de bar dans Berlin-Est»
«2012-08-27 9:23
Konzerthauer
Café ou comment ça s'épelle. ... Ah oui, la musique est une merde pop/techno/dance.
C'est fort décevant pour une place qui devrait avoir plus de classe
...
Trop intimidé
par la langue de Goethe, j'ai rien commandé, mais vu qu'on est arrivé juste à
temps pour le train (au lieu d'attendre 5 longues minutes) ce fut un choix judicieux.
On a filé jusqu'à Zum Schwarzen Hasen,
ou Le Lièvre Noir, sympathique petit restaurant de tapas allemands où tout est
délicieux et le service fort sympa. »
Je recommande fortement ce resto, mais ça d'l'air
qu'ils prennent pas les cartes de crédits, fait que amenez du cash. Le p'tit
déj' au café de la salle de concert a été le dernier vrai p'tit déj' que j'ai
pris à Berlin, gratte-cenne que je suis. Il était très bien d'ailleurs.
«... J'ai mangé
mon premier currywurst de rue et j'ai filé à l'hôtel avec S&M où on s'est
dit au revoir, en espérant se revoir à Edmonton ou au moins à München. ...
On est allé dans
un authentique bar de Berlin-Est, plutôt déserté un dimanche. J'ai pris un
Radler (une bière avec un peu de sucre et un spritzer, truc pour prendre quand
on a soif) et une Strapramen ou qqch du genre. bière tchèque. J'ai visité une
authentique toilette de bar de Berlin-Est avant de dire au revoir à Julie et
reprendre le S-Bahn seul, marchant dans les rues mal éclairées de l'autre bord
de l'ex mur Rideau de Fer. 25 ans plus tôt, on m'aurait tiré dessus au
mur de la honte (un cousin du mur des lamentations, et un arrière petit
descendant de la muraille de Chine?) Bon, le p.'tit déj' est là. On reconnecte
plus tard comme y disent sur les bloyes de Cyberpresse.»
La bière tchèque, c'est de la Staropramen.
«10:56 On est à
l'arrêt 9, au bout du vieux mur maintenant une galerie d'art en plein air. En
attendant, il y a des corbeaux freux sur le terrain vague à côté du
stationnement. Ils sont gros comme des corneilles, et moins épeurants que les
grand corbeaux.
...
13h30 Bon ben je
suis arrêté au mur et j'ai acheté une bière poirée (drink de fille) au bar de
"plage" du coin. En attendant, les corneille avaient joint les
corbeaux freux sur le terrain vague. Un père corpulent et incompétent pitchait
des frites avec ses enfants pour essayer de les attirer et prendre une photo
pendant que j'essayait (sic) de prendre une photo sans ce genre
de tactique stupide qui n'a eu que l'effet contraire, éloignant les oiseaux.
...
Petite remarque:
au bout artistique du mur, il y avait un annonce pour un spectacle de Justin
Bieber dans le O2. Subitement, j'étais ostalgique. Je me sentais
coupable. Les Soviétiques avaient raison, la culture occidentale, c'est le mal.
L'Allemagne a donné Bach, Beethoven, Rammstein. Le Canada n'en finit pas avec
ses Céline Dion, Nickelback, Bryan Adams, Justin Bieber, Avril Lavigne et la
fille qui chante "Call me maybe". "Run, Lola, run"
qu'on voudrait crier aux belles Allemandes en réalisant tout le mal que produit
musicalement le plusse meilleur pays au monde.»
Pour soigner son ostalgie, il suffit d'aller faire un
tour au musée de Checkpoint Charlie.
«... Le musée
est un peu mal organisé et exigüe, mais on y voit toute l'histoire du Mur de la
honte, de ceux qui se sont échappés, ceux qui ont échoué, ceux qui ont perdu
des êtres chers, ceux qui ont aidé les autres à passer à l'Ouest, et les
mille-et-un stratagèmes ingénieux pour passer de l'autre côté du Rideau de Fer.
Mon préféré est celui avec son mini sous-marin qui s'est rendu au Danemark,
pris en photo avec des pitounes en bikini. Comme dans "Oh yeah, j'ai fait
le bon choix et j'ai réussi mon évasion".»
«...Bon, la
courte Messe du Couronnement KV 317 est terminée. Sublime évidemment. J'ai
pensé et voulu prendre un p'tit vidéo avec mon cellulaire mais je n'ai pas osé.
Finalement, je garderai ça dans ma mémoire faillible. Par contre, pour ma
famille et mes amis, Facebook ou autre, je dis: allez encourager la musique
classique près de chez vous et ailleurs. Vous êtes à New York? Lâchez les
"musicals" de merde. Allez voir l'opéra au Met. Vous êtes en Europe.
Achetez des billets pour les concerts. Les salles de spectacles sont des
oeuvres d'art en elles-mêmes, mais pour vraiment les apprécier, il faut les
remplir des sons d'un véritable orchestre. Une mess de Mozart, à Salzbourg, à
Wien et même à Berlin, ça reste divin.
...
Cela dit, le
Jupiter de Holtz n'est rien de plus qu'une grosse boule de gaz à côté du divin
roi du panthéon romain de Mozart. Le mot "divin" revient souvent avec
Amadeus, on sait tous pourquoi.
Bon, la vraie
barman (barmaid), celle qui fait les drinks est aux toilettes. J'pense que
j'vas me commander quelque chose de plus simple en attendant.
Le concert a duré
1h40 incluant la pause et les applaudissements. JE méritais un rappel.
Le reste du public, non.
...J'ai mixé moi-même le rum (Cuban qqch
machin, 22 € la shot) et le coke. Note à propos de Berlin-Est: étant proprement
ouvrier, nul besoin de ces sous-verres bourgeois. Ah oui, un Cuba libre, c'est
avec une lime, pas un citron. Je ne fait pas confiance à ce bar d'hôtel
espagnol. "es personal" de ma queue.
... Ça me
prendrait quelqu'un avec qui converser. C'est bien beau écrire dans un carnet,
on finit par se parler tout seul (prononcer "tu-seul" en bon
Québécois).»
Je suis allé à un concert de Mozart, pour la première fois en Europe en 21 ans. À l'époque, au bicentennaire de sa mort, avec la famille on avait fait le tour de l'Autriche et assisté a plusieurs concerts dont des opéras. Après lesdits concerts, on allait prendre un verre au bar de l'hôtel Pour moi c'était un Coke, pour mes frères, des Shirley Temple. J'ai voulu continuer cette tradition, mais je n'ai plus l'âge de ne pas prendre de l'alcool. D'où le rum & coke, alias Cuba libre.
«29 août 2012...
18:19
...On a marché
le long de la voie ferrée pour voir des graffitis et autres arts de rue, du El
Bocho tout frais au-dessus d'un robineux endormi et habitué de l'endroit mais
supposément grincheux. On a parlé de la gentrification de Berlin, causes
sociales, engagement des artistes de la rue, squattage et tout.
... On a fini
sur un bar "de plage" jamaico-africain sur le bord de la Spree, tout
aussi bohémien et menacé de se faire exproprier par des intérêts commerciaux.
J'ai pris une bière aux bananes du Ghana. À la chaleur qu'il faisait, c'était
très bon.»
À propos du tour alternatif de Berlin
C'est un peu en
queue de poisson, mais je termine mes extraits de carnet de voyage là-dessus.
C'est pas comme un bon livre, il n'y a pas d'introduction, de développement, et
de fin. C'est juste des phrases
éparpillées sans conclusion. Il y a plus dans mon journal, mais ça ne vaut pas
la peine de rechiâler sur l'aéroport de Francfort. Une p'tite dernière photo, juste comme ça...
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